Le 18 novembre 2009
(Photo : CharenteLibre)
Par Alexandre LE BOULC'H
Les organisateurs du festival rock d'Angoulême ne peuvent attendre plus longtemps la réponse des collectivités à leurs demandes de subventions. Ils ont jeté l'éponge hier
Il n'y aura pas de Garden Nef Party à Angoulême en 2010. Et sans doute plus jamais. Alors même que la prochaine édition du festival de la BD est en question, il faut faire le deuil d'un des plus gros festivals rock de l'Hexagone. Les organisateurs ont annoncé hier qu'ils jetaient l'éponge. Le festival espérait une augmentation de ses subventions publiques. Il n'avait pas le temps d'attendre début décembre et une réponse des collectivités qui s'annonçait défavorable dans le marasme actuel. «Cette volonté de développement portée par des professionnels passionnés dépasse malheureusement les possibilités des collectivités partenaires», regrette le maire d'Angoulême Philippe Lavaud dans un communiqué.
L'annonce de ce sabordage n'a rien d'un coup de poker menteur. «Cette décision n'est ni un moyen de pression, ni du chantage, préviennent la mort dans l'âme Christophe Davy, producteur, et Jean-Louis Ménanteau, directeur de La Nef, les deux fondateurs (• photo ci-contre), très déçus de ne pas avoir été suivis par les collectivités et pour qui c'est un beau gâchis. On a attendu jusqu'à la dernière minute, mais ce n'est plus possible. On est déjà hors délai. Les grands groupes internationaux qui frappent à la porte de la Garden veulent des réponses maintenant pour leur tournée 2010.»
Sous le choc, les deux patrons de ce festival n'en diront pas plus que leur communiqué (lire encadré). Ils tiendront une conférence de presse à l'issue de la réunion du 4 décembre lors de laquelle la ville d'Angoulême et la communauté d'agglomération du Grand-Angoulême (Comaga) doivent présenter avec le Département et la Région leur plan d'action pour les financements de tous les festivals.
La douche est d'autant plus froide que le montage présenté par les organisateurs, avec un autofinancement exemplaire de 70 % (1), devait permettre au festival de franchir un cap. Malgré le déficit de 90.000 € de la dernière édition assumé par le producteur, la Garden commençait à récolter les fruits de ses investissements. Des contacts étaient très avancés avec les Red Hot Chili Pepper et Portishead, deux groupes qui auraient dopé l'affiche de la cinquième édition.
280.000 € demandés en plus
Avant de signer, les organisateurs avaient besoin de garanties. En octobre, ils ont présenté leur plan de bataille à la ville d'Angoulême qui centralise les demandes de subvention pour toutes les autres collectivités. Ils avaient pris soin d'y intégrer la requête des élus de séparer le festival de l'activité de la salle de rock. Une exigence statutaire qui représente à elle seule un surcoût de 100.000 € rien que pour les salaires de deux personnes ajouté aux coûts techniques et artistiques. Le budget devait passer de 1 à 1,5 million d'euros. Cette progression indispensable pour ne pas faire un festival au rabais devait être financée pour plus de la moitié par les aides publiques. «J'ai reçu une demande de subvention de 280.000 € qui vient s'ajouter aux 170.000 octroyés l'an dernier, confirme Gérard Desaphy, l'adjoint à la culture de la ville d'Angoulême. En l'état des finances de toutes les collectivités partenaires, cela ne passe pas. Et si je comprends les impératifs artistiques du festival, il nous est impossible de donner la moindre réponse avant que les élus se soient réunis le 4 décembre et surtout de promettre des enveloppes avant que les différentes assemblées aient voté leur budget.»
Un problème de calendrier
Les organisateurs ont justifié l'augmentation en arguant que le festival est sous-financé au regard du travail de fond réalisé depuis quatre ans et des groupes prestigieux invités (lire en page 5), soulignant que les têtes d'affiche sont des leviers pour faire décoller les montants des participations des partenaires privés. Dans les traces des Vieilles Charrues, Benicassim et Summercase en Espagne, la Garden Nef Party n'a pas les moyens de jouer à armes égales. En terme de programmation, le festival ne voulait pas se contenter éternellement de prendre «les restes». Comme lors de la dernière édition où elle a manqué la locomotive Radiohead déjà à cause des délais imposés par les collectivités.
«L'édition 2009, qui était une vraie réussite malgré la météo, a bien attendu février pour choisir les 25 groupes de sa programmation. Pourquoi pas cette année?, reprend Gérard Desaphy qui déplore l'impatience des organisateurs de la Garden alors que, selon lui, on touchait au but. Ce ne sont pas les groupes aussi prestigieux soient-ils qui imposent leur rythme. Je pense que ce festival pouvait encore attendre une année supplémentaire avec les aides actuelles pour que nous mettions en place un conventionnement sur trois ans qui aurait été la solution à toutes nos incompatibilités de calendrier.»
(1) La Garden Nef Party 2009 c'est un budget d'un million d'euros:
400.000 € de prestations techniques, 450.000 de budget artistique
et 150.000 de charges.
Et à la colonne recettes:
780.000 € en recettes propres,
170.000 de subventions publiques
(50.000 de la Ville, 50.000 de la Région,
50.000 de la Comaga
et 20.000 du Département),
55.000 de financeurs privés.
L'annonce de ce sabordage n'a rien d'un coup de poker menteur. «Cette décision n'est ni un moyen de pression, ni du chantage, préviennent la mort dans l'âme Christophe Davy, producteur, et Jean-Louis Ménanteau, directeur de La Nef, les deux fondateurs (• photo ci-contre), très déçus de ne pas avoir été suivis par les collectivités et pour qui c'est un beau gâchis. On a attendu jusqu'à la dernière minute, mais ce n'est plus possible. On est déjà hors délai. Les grands groupes internationaux qui frappent à la porte de la Garden veulent des réponses maintenant pour leur tournée 2010.»
Sous le choc, les deux patrons de ce festival n'en diront pas plus que leur communiqué (lire encadré). Ils tiendront une conférence de presse à l'issue de la réunion du 4 décembre lors de laquelle la ville d'Angoulême et la communauté d'agglomération du Grand-Angoulême (Comaga) doivent présenter avec le Département et la Région leur plan d'action pour les financements de tous les festivals.
La douche est d'autant plus froide que le montage présenté par les organisateurs, avec un autofinancement exemplaire de 70 % (1), devait permettre au festival de franchir un cap. Malgré le déficit de 90.000 € de la dernière édition assumé par le producteur, la Garden commençait à récolter les fruits de ses investissements. Des contacts étaient très avancés avec les Red Hot Chili Pepper et Portishead, deux groupes qui auraient dopé l'affiche de la cinquième édition.
280.000 € demandés en plus
Avant de signer, les organisateurs avaient besoin de garanties. En octobre, ils ont présenté leur plan de bataille à la ville d'Angoulême qui centralise les demandes de subvention pour toutes les autres collectivités. Ils avaient pris soin d'y intégrer la requête des élus de séparer le festival de l'activité de la salle de rock. Une exigence statutaire qui représente à elle seule un surcoût de 100.000 € rien que pour les salaires de deux personnes ajouté aux coûts techniques et artistiques. Le budget devait passer de 1 à 1,5 million d'euros. Cette progression indispensable pour ne pas faire un festival au rabais devait être financée pour plus de la moitié par les aides publiques. «J'ai reçu une demande de subvention de 280.000 € qui vient s'ajouter aux 170.000 octroyés l'an dernier, confirme Gérard Desaphy, l'adjoint à la culture de la ville d'Angoulême. En l'état des finances de toutes les collectivités partenaires, cela ne passe pas. Et si je comprends les impératifs artistiques du festival, il nous est impossible de donner la moindre réponse avant que les élus se soient réunis le 4 décembre et surtout de promettre des enveloppes avant que les différentes assemblées aient voté leur budget.»
Un problème de calendrier
Les organisateurs ont justifié l'augmentation en arguant que le festival est sous-financé au regard du travail de fond réalisé depuis quatre ans et des groupes prestigieux invités (lire en page 5), soulignant que les têtes d'affiche sont des leviers pour faire décoller les montants des participations des partenaires privés. Dans les traces des Vieilles Charrues, Benicassim et Summercase en Espagne, la Garden Nef Party n'a pas les moyens de jouer à armes égales. En terme de programmation, le festival ne voulait pas se contenter éternellement de prendre «les restes». Comme lors de la dernière édition où elle a manqué la locomotive Radiohead déjà à cause des délais imposés par les collectivités.
«L'édition 2009, qui était une vraie réussite malgré la météo, a bien attendu février pour choisir les 25 groupes de sa programmation. Pourquoi pas cette année?, reprend Gérard Desaphy qui déplore l'impatience des organisateurs de la Garden alors que, selon lui, on touchait au but. Ce ne sont pas les groupes aussi prestigieux soient-ils qui imposent leur rythme. Je pense que ce festival pouvait encore attendre une année supplémentaire avec les aides actuelles pour que nous mettions en place un conventionnement sur trois ans qui aurait été la solution à toutes nos incompatibilités de calendrier.»
(1) La Garden Nef Party 2009 c'est un budget d'un million d'euros:
400.000 € de prestations techniques, 450.000 de budget artistique
et 150.000 de charges.
Et à la colonne recettes:
780.000 € en recettes propres,
170.000 de subventions publiques
(50.000 de la Ville, 50.000 de la Région,
50.000 de la Comaga
et 20.000 du Département),
55.000 de financeurs privés.
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