MUSIQUE. La mort du festival rock d'Angoulême suscite de nombreuses réactions attristées et soulève un vrai débat
La Garden Nef party d'Angoulême est morte et beaucoup la pleurent. « À l'image des héros du rock, Brian, Jimi, John, Janis, Jim, Kurt ou Jeff, le festival part en pleine jeunesse », ont déclaré les organisateurs. Des organisateurs « désolés d'avoir imaginé une utopie dans une conjoncture qui incite plus à la prudence qu'à l'aventure ». Des organisateurs qui, en l'absence de garanties financières des collectivités locales, ont préféré jeter l'éponge.
De vives réactions sur le Net
Hier et avant-hier, cette annonce a suscité un flot de réactions attristées. Sur Internet, tout d'abord, où les blogs et les espaces d'expression libre ont été pris d'assaut.
« Vraiment dommage qu'un tel festival s'arrête pour des raisons financières [...]. Il faut absolument que les partenaires institutionnels se réveillent », a écrit par exemple smfi17 sur www.sudouest.com.
« Il n'y aura donc plus aucun intérêt à aller faire un tour à Angoulême l'été », a ajouté Thierry.
« Pour une fois qu'on ne parlait pas d'Angoulême pour évoquer les charentaises ou les cagouilles ! Manque plus que la disparition du Festival de la BD, et on aura une vraie ville pour les retraités », a renchéri Mimi.
Sur le réseau social Facebook, les réactions sont plus vives encore. Plus polémiques, aussi. Le maire Philippe Lavaud (PS) en prend d'ailleurs pour son grade. Et un appel à manifester samedi matin, à 10 heures, devant l'Hôtel de ville d'Angoulême, a été lancé. Il a trouvé un large écho au sein d'un groupe de discussion intitulé « Rendez-nous la Garden Nef party ». Ce matin, plus de 2500 internautes y étaient inscrits. À l'hôtel de ville, l'équipe Lavaud devrait se méfier du pouvoir de Facebook et de toute cette effervescence numérique aux élans parfois juvéniles. Le risque est réel : se couper d'un électorat jeune, souvent de gauche.
À ce titre, les arguments et le ton très mesurés du communiqué de la mairie, diffusé mardi soir, suffiront-t-ils à éteindre l'incendie ?
En voici quelques extraits : « Nous sommes attristés par cette décision brutale de mettre un terme à ce festival, mais nous en prenons acte. [...] Les organisateurs désiraient passer un cap supérieur en terme de programmation et de notoriété. Ils sollicitaient pour cela un montant global de subventions de plus de 400 000 ? et une réponse immédiate de la part de collectivités locales qui sont actuellement en pleine élaboration de leur budget 2010, dans des conditions globales de restrictions. Cette volonté de développement portée par des professionnels passionnés dépasse malheureusement les possibilités des collectivités partenaires. »
Les acteurs culturels inquiets
L'argent public, toujours plus rare... Voilà le nerf de la guerre et le coeur du problème. Tous les acteurs du monde culturel charentais que nous avons contactés hier le reconnaissent.
C'est le cas de Gérard Lefèvre, le patron du théâtre d'Angoulême, qui avoue « ne pas être d'une sérénité olympienne lorsque l'on sait qu'avec les réformes gouvernementales, les financements croisés des collectivités publiques seront sans doute supprimés ». Michel Rolland, le directeur artistique de Blues Passions à Cognac, se dit lui aussi peiné par la disparition de la Garden Nef party : « Cela nous dit que malgré le succès et la renommée, rien n'est jamais gagné. Les porteurs d'événements que nous sommes doivent être très vigilants. Nous devons rechercher le plus de partenaires financiers possibles, notamment dans le privé. »
Joël Breton, de La Palène à Rouillac, préfère quant à lui garder un silence qui en dit long. L'homme n'appréciait guère la Garden Nef party, mais ne se réjouit pas pour autant : « L'État se désengage. Les collectivités locales ont du mal à suivre. D'autres festivals vont mourir en France ! »
Christian Mousset, l'âme de Musique Métisses, se trouvait hier au Brésil lorsque nous lui avons appris la nouvelle au téléphone.
« Ah bon ? La Garden, ça avait de la gueule. C'était très intéressant [...]. Mais le vrai problème, c'est qu'il y a trop de festivals et pas assez de sous à Angoulême. L'heure des choix est arrivée. Et ils sont douloureux ! »
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